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6 octobre 2010

#80

Par le biais des recherches par mots-clés dans les statistiques de ce blog, je me rends compte qu'il existe un livre intitulé "Les cendres d'Arsinoé". Je trouve ça trop fort. Je devrais chercher s'il n'y a pas, quelque part, oublié sur un rayonnage de bibliothèque, le roman "Coppélia brûle".

Je me souviens parfaitement d'avoir été, il y a 15 milliards d'années, conduite, en chemise de nuit, pieds nus sur le sol froid d'un laboratoire-temple, à l'intérieur d'un brasier. Je me souviens du contact des étincelles sur mes doigts, j'avais alors les yeux gris et des cheveux noirs, très longs, ils traînaient par terre, avec des petites choses ailées, des choses vivantes, qui nichaient dedans. Dans la peau de mon front, on a enfoncé un cristal, je n'ai pas eu mal, ou peut être un peu. Je devais être vivante, je devais aussi mourir.

Je me souviens comment le plomb est entré en moi, vers l'âge de 8 ans. Je me souviens que ma mère m’inoculait le saturnisme avec ses doigts, je hurlais quand elle me touchait, j'entrais dans des rages titanesques, rien ne parvenait à contenir ma force, je fendais les encadrures de porte, je brisais des chaises en bois, je frappais mon bas-ventre à coups de poing, j'arrachais ma peau avec les ongles.

Mon chéri me manque encore, mais je ne sais plus s'il s'agit de Ge ou de A, c'est ça quand on rêve trop, les pièces des différents puzzles finissent par se mélanger, passer d'une boîte à l'autre, mal rangées, on tente de refaire l'image mais ici le cheveux brun est devenu blond, l'oeil noir a viré au bleu de prusse, il y a des lunettes là où il ne devrait pas y en avoir et la stature à pris quelques centimètres, mais c'est toujours lui. Lui qui, depuis l'ombre, s'est si gentiment, si généreusement enquis de mes nouvelles, lors de mon bref séjour à l’hôpital en juillet, lui qui m'a écrit 12 mails d'un coup, au tout début, je me souviens j'étais chez une copine qui venait d'avoir un bébé, j'ai ouvert ma boîte mail sur son ordinateur et j'ai vu ça, 12 mails de lui, j'ai attendu patiemment de rentrer chez moi pour les lire, je crois que ce jour-là, j'ai été très profondément heureuse, même dans la kératine de mes cheveux il y avait du bonheur et cette espèce de promesse en forme d'honnêteté, de douceur et de gentillesse, je ne sais même pas pourquoi, je pensais découvrir une personne qui compterait dans ma vie, ce genre d'homme, quand on vieillit, quand on touche à la fin, auquel on repense en se disant qu'on a bien fait, qu'il valait la peine. Car j'avais de la peine de ne pouvoir aller dans ses bras, je ne mens pas. Je lui ai dit, les premiers jours, les premières heures, que j'imaginais qu'il était grand et brun, et que l'on porterait des pulls en jacquard au pied du Mont-Blanc, et que l'on baiserait fort et doucement devant un feu d'hiver. 

Il s'est tu. D'un coup. Il a fallu passer de cette prodigieuse énergie qui circulait, cette amitié miraculeuse, cet élan qui nous portait, à plus rien. La fuite. Comme mon père. Comme tous ceux qui ne sont pas assez fous, pas assez inconscients pour tenter d'apprivoiser un petit animal sauvage aux dents acérées.

- Dis-le, que je ne mens pas.

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Commentaires
C
@ sarah : ah ? quelque chose me dit qu'il préfère la côte d'azur, plutôt... mais vous avez peut être raison, pour les pulls en jacquard, je crois que nous n'avions pas les mêmes valeurs (ni les mêmes rillettes), tout simplement ;-)
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S
sans doute l'idée des pulls en jacquard lui a fait peur
Répondre
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Avant-propos

Lecteur, lectrice,
Mon nom est (presque) Coppélia Brulé et ceci est (presque) mon histoire. 
Génétiquement bizarre, tenant autant de la méduse que de l'homo erectus, j'essaye de vivre parmi les humains. 

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