#87

Les antidépresseurs paraissent avoir sur moi un effet minime. Pendant cette brève période médicalisée, j'ai moins pensé à la mort dans la journée, mais les angoisses resurgissaient le soir et au réveil (je me réveillais avec des palpitations cardiaques, comme si je venais de courir un 100 m, sans penser à rien en particulier).

Est-ce que je manquais d'énergie pour lutter contre mon saturnisme, en août, tout entière prise dans les filets d'un homme extraordinaire ? Celui-là est un pêcheur de compèt', laissez-moi vous le dire... (Arian rirait bien de ma naïveté, s'il la croyait réelle ;-))

Je pensais, une nuit d'été particulièrement étoilée, que si je me levais de mon lit, mon corps allait se désintégrer sous l'effet vibratoire des ondulations du stress, serpents de mer prisonniers de mes veines. Je me visualisais comme un amas de particules assez précaire, et périssable. Je pensais à la théorie de la décohérence, que j'imagine être - dans mon esprit simple - quelque chose qui réduit les probabilités en rendant compte des incohérences entre un système et son environnement, et je me disais qu'il était improbable que je me lève à une heure du matin pour regarder le ciel par la fenêtre. Mon corps semblait de plomb, plus que jamais écrabouillé par la gravité.

Alors je me suis levée, m'interdisant de me l'interdire - et par la grâce d'un seul homme, tel Lazare sortant de son tombeau - en pensant que quelque chose d'extraordinaire arriverait si j'induisais une dose d'incohérence dans ma vie.