#97
Il a mille fois raison. Arian, je veux dire. Je crois que ma béquille, c'est cette plongée, tête en avant, vers le maelström, là où tout est englouti sous les flots titanesques, cette part que l'on ne peut décrire, que même la plus aimée des personnes aimées ne peut partager, là où je suis seule. Ma béquille, c'est l'écriture de ce blog, qui réconcilie ma part d’égoïsme irréductible avec mon désir profond de partage et d'amour. C'est là où je vous tends la main, où je vous ouvre mes tiroirs, où je sors pour vous les plus intimes de mes vieilles photos. C'est là où je regarde ces images blanchies, écornées, avec tendresse. Je n'ai pas le don d'indulgence, ni envers moi-même, ni envers autrui. Mais votre regard sur cette drôle de demeure intime - cachettes, greniers, photos pornos cachées sous le lit, cuisine en formica, placards emplis de Tupperware et de verres en pyrex, draps maculés, poubelles qui dégueulent et posters de rock-stars au mur - lui confère une certaine beauté, farouche, sauvage, obscure et lumineuse à la fois, comme dans la lentille d'un kaléidoscope.
Aujourd'hui, grâce à lui (et quelques autres, F, Az, François, Nico, Dionys... je ne peux pas ne pas vous citer, vos petits mots sont autant de cailloux blancs qui me permettent de m'enfoncer au plus profond, tout en sachant que je pourrai revenir, et que je serai encore humaine, après cela), je me déteste un peu moins.