#85
Celui qui n'a pas compris que la petite Coppélia est une perverse à la morale pourtant inébranlable, à celui-là je vais expliquer les choses.
Bien sûr, je suis gourmande de photos de gousses, enceintes jusqu'aux dents et qui se pourlèchent le matou, comme d'autres aiment les bonbons. Jusque là, c'est plutôt gentil. Mais si je vous disais que je cherche plus souvent des récits érotiques de filles qui couchent avec leurs parents, fronceriez-vous le sourcil ? Si je vous racontais que, parfois, je prends mon plaisir de la vue d'une gigantesque pine d'âne, d'un violet sombre comme une aubergine, dans le con d'une grosse femme couverte de fumier, auriez-vous la nausée ?
Je me souviens d'un des plus grands pieds onanistes de ma vie. Je devais avoir une douzaine d'années et mon père avait décidé de jeter sa collection d'Echo des savanes, non sans me proposer de conserver ceux qui me "faisaient plaisir". J'ai passé les vacances enfermée dans ma chambre, à me branler, sans autre mouvement que ceux de ma main et du coude sur lequel j'étais en appui, pour lire en même temps, et qui, sous l'engourdissement, se dépliait et se repliait au fil des chapitres. J'avais -j'ai toujours- une prédilection pour l'oeuvre de Magnus. Ici Frida, une femme aux cheveux noirs qui ne peut coucher qu'avec des morts érectiles. Ici, deux lesbiennes nazies transformées en araignées géantes et qui se dévorent mutuellement, sous le regard lubrique de la nécrophile. Là, les courbes bandantes des épouses de Hsi-Men, héros viril et vaniteux qui, au fil des 110 pilules, s'envoie tout ce qui a un cul et dans toutes les positions, jusqu'à en mourir. Je me souviens notamment de mon plaisir face à la défloration, achetée à prix d'or, d'une toute jeune prostituée d'un bordel de luxe. J'ai aussi déchargé en lisant Manara et tant d'autres, je me souviens d'une espèce de Barbarella aux loches en citrouille, fendue en deux par le tison d'un dieu-taureau, jouissant d'un orgasme intergalactique, littéralement. Quand elle revenait à elle, on comprenait qu'il s'agissait du fantasme d'une jolie fermière qui faisait la salope dans l'étable.
Tout me dégoûte dans la pornographie - sans âme - mais rien ne me dégoûte dans l'art érotique. Si je sens la volonté de sublimer des pulsions, même les plus infâmes, même les plus cruelles, dans une oeuvre qui permet de distancier sa part d'ombre et de ne pas réaliser sa perversion immorale autrement que dans l'art, je suis touchée, et encline à la plus douce des sympathies.