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5 novembre 2015

#112

Voilà, voilà, voilà.

Me revoilà dans le désert. J'attends l'Homme, ses yeux de glace, sa peau odorante, sa queue dure.

La fatigue est immense, ici. J'arrive à faire des trucs, mais ça me flingue pour des journées entières. Je suis parfois tellement claquée que la tête me tourne, alors je suis obligée de rester couchée dans mon lit. Il arrive même que je ne puisse plus du tout bouger. Certains jours, je ne pense pas trop à G. Et d'autres, je me retiens de sauter dans ma voiture pour aller l'espionner à l'atelier. Je me vois très bien me garer devant et attendre que ses employés s'en aillent. Je m'introduirais sous la verrière immense, dans l'odeur du bois frais et de la sueur virile, je monterais l'escalier jusqu'au petit bureau au papier peint des années 70. J'aime bien, parfois, me faire un peu pleurer en imaginant que je le trouve avec une femme. Je sais bien que c'est idiot, il n'aime que moi. Il finira bien par en baiser une autre, et peut être que son désir d'amour sera plus fort que moi, et il se sentira aimer ailleurs. Mais je crois qu'il ne cessera jamais de penser à moi, à nous, comme à un idéal. Comme moi, qui mesure tout à l'aune de ma relation si parfaite avec A. Qui n'ai jamais cessé de regretter ces mois bénis à l'ombre de la tour Montparnasse.

Je n'ai jamais totalement pu abolir ce petit sentiment de mépris à l'égard de G. Ce benet s'exprime si maladroitement qu'il pourrait passer pour un véritable demeuré. Peut-être l'est-il, d'ailleurs ? Pourtant, si tu me demandes, dans la minute il me la fourre. Où il veut, quand il veut. Comme il veut. En missionnaire de préférence. Je n'y peux rien, c'est ce que je préfère ! Je sais, c'est un peu ballot et tout, mais d'abord c'est comme ça que sa bite appuie sur mon point g (terminaisons nerveuses internes du clitoris) - sans appuyer à l'intérieur sur des endroits où ça fait mal, et puis aussi c'est comme ça que j'ai l'impression qu'il m'aime le plus. Son amour a toujours été le plus puissant des aphrodisiaques. Avec son odeur et ses yeux. Quand il ne reste plus grand chose avant que je ne jouisse, il suffit d'un je t'aime, d'un regard tendre, d'un "mon petit amour" pour que ça vienne... Les grosses veines dans ses avant-bras, cisaillées par sa montre d'homme (celle de ses 40 ans, juste avant de le connaître - maintenant il en a 51), et puis le sang bleu, tout poisseux de tabac, depuis plus de 30 ans qu'il fume, je ne saurais séparer l'odeur du tabac de ce qui vient de lui. Les fumeurs doivent finir par exhaler le tabac par les pores, avec les phéromones. Et puis c'est drôle, plus tu jouis avec un homme et plus tu l'aimes. Et plus tu parviens à discriminer son odeur dans l'air. Je suis sûre que je pourrais le reconnaître rien qu'à l'odeur entre cinquante hommes, avec les yeux bandés.

J'ai cassé avec G. Oui, alors oui, c'est vrai : ça n'est pas la première fois. Et chaque fois je suis sûre de moi, chaque fois tout se passe bien, les premiers jours. Et puis avec les semaines, mes certitudes s'émoussent, je finis par me demander pourquoi je le plaque. Pourquoi déjà ? Parce que je ne supporte pas que ce connard ait le beurre et l'argent du beurre. Qu'il ne plaque pas sa grosse pouffe pour moi. Je suis plus jeune, plus belle, plus excitante et je sais l'aimer comme il veut, avec ma bouche, avec mon cul. Mais il ne quittera pas sa femme. Ses enfants sont grands pourtant, l'un à la fac, l'autre va passer son bac... c'est un débat, une dispute sans fin, et je me fais l'effet de Sisyphe à constamment lui rouler ce roc sur la gueule : POURQUOI TU NE LA QUITTES PAS ? Il est bien, ce con, il a sa petite vie de merde avec ses voisins de merde dans son pavillon de merde, ses gosses avec leurs repères de merde comme s'ils avaient 2 ans et demi, à l'âge des premières baises, des premières clopes, bientôt ils quitteront le nid et ils ne sauront jamais combien de fois leur père m'a bouffé la chatte et déchargé dans le cul toutes ces années pendant qu'ils étaient à l'école. Il est à moi autant qu'à eux. S'il meurt, c'est elle, et eux, que l'on viendra soutenir, moi je serai dans un coin, bouffée de l'intérieur par un feu inextinguible. Personne ne saura que j'ai perdu mon mari (puisqu'il a couché avec moi pendant 10 ans presque chaque jour, c'est à moi qu'il raconte tout, c'est à moi qu'il a téléphoné quand il a eu son accident de scooter - je pense pouvoir dire que notre mariage n'est pas qu'une réalité virtuelle impalpable - en tout cas, moi, je suis sa femme). Si je m'aventure à en parler, on me crachera à la gueule parce que c'est vraiment dégueulasse de salir sa mémoire et tout. Mais elle ne couche plus avec lui depuis 10 ans ! Et aussi elle ne voulait pas le sucer parce que ça lui filait des aphtes. Et elle ne reste avec lui que pour le fric.

Je veux sa queue. Sa belle queue qui reste dure pendant des heures. 

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Avant-propos

Lecteur, lectrice,
Mon nom est (presque) Coppélia Brulé et ceci est (presque) mon histoire. 
Génétiquement bizarre, tenant autant de la méduse que de l'homo erectus, j'essaye de vivre parmi les humains. 

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